L'ABEILLE ET CUPIDON
(Fleur Primevère de l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse)
D'après Anacréon.
Un matin Cupidon, maraudant au verger,
Voletant et rêvant s'en vint là déranger
En son noble labeur l'abeille jardinière ;
Ce qu'elle lui peignit de cuisante manière.
Voici, le doigt bouffi, le chérubin en pleurs
Vers Vénus accouru : - Ô mère je me meurs !
Un méchant monstre ailé plein de fiel et de rage
M'a percé de sa flèche au mépris de mon âge ;
Fais-moi tôt ton adieu, pardonne tous mes torts
Car ce soir je serai dans le séjour des morts.
Vénus hors de son bain juste à demi se dresse,
Fronce un peu le sourcil, non sans une caresse :
- Pour une mouche à miel je te vois bien pâmé ;
D'un petit aiguillon te voilà consumé !
Que dire des mortels que tes traits ont pour cible ?
Penses-tu que l'Amour leur soit chose insensible ?
Sais-tu combien les cœurs s'échauffent chaque fois
Où, pour te divertir, tu vides ton carquois ?
© 2022 François-Alexandre Garavel - L'Atelier du soir